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Backpacker
14 juin 2013

Choc culturel

A ce qu’il paraît, on pleure deux fois quand on vient en Inde : en arrivant et en repartant. Je confirme. Je suis pour l’instant incapable de vous dire si j’aime ce pays.


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 « L’Inde ne s’aborde pas facilement et ne se révèle pas spontanément aux étrangers qui lui font l’honneur de sa visite. C’est un pays où le poids des traditions marque tous les aspects de la vie quotidienne et y joue un rôle de première importance. » Routard 2012 – Inde du Sud

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  Je ne comprends pas grand-chose à ce qui se passe ici, je subis. C’est un tout autre monde, une sorte de planète des singes version indienne. Je ne sais même pas trop comment vous le décrire alors je vais commencer par un moment marquant de cette semaine. J’ai commencé mon travail par une semaine d’initiation et de découvertes. L’un des projets de FSL India, « Happy Move Camp », se focalise sur des petits villages de la région afin de les aider en rénovation et éducation. Les travaux sont réalisés deux fois par an par une équipe de volontaires coréens. Une pré-visite des villages a débutée cette semaine : demande de renseignements, observations et propositions d’améliorations, sélection d’une ou deux familles à aider puis présentation du projet au maire du village.

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Mardi après-midi, après la rencontre des habitants et la visite de l’école, nous nous sommes rendus au fin fond de la campagne pour « voir des familles ». Une petite allée, 3 huttes dans un état déplorables, juxtaposées à une très jolie maison, en dure, colorée, digne de nos petites maisons européennes. Juste devant l’entrée de la dernière petite hutte, un jeune garçon, handicapé mental, est assis, à même le sol. Ses jambes sont dans un sal état, difformes. Il a du mal à parler. Il nous esquisse le plus beau des sourires en guise de bonjour. Il tient un crayon à la main et essayes d’écrire sur son cahier. L’équipe lui sourit et lui pose quelques questions, sa mère n’étant pas là pour y répondre. Son père est décédé il y 2 semaines, il a 2 ou 3 frères et sœurs. Leur petite hutte sale et très endommagée témoigne de l’état de pauvreté de sa famille. L’équipe n’a pas l’air choqué, la routine peut-être. Depuis le début, je joue un peu le rôle de reporter : photos, collecte des documents, observations et prise de notes. L’un d’eux me rappelle à mes devoirs :

  « Take a picture !

- No, I can’t.

- Of course, you can. Take !

- ...No ! »

 Après plusieurs nuits au sommeil très léger (dormir à l’indienne, à même le sol, il faut s’y habituer), c’est trop. Je retiens mes larmes pour ne pas m’effondrer devant ce jeune garçon. La mère de la maison suivante (vous savez, la jolie petite maison toute en briques) nous confirme les propos du garçon : le père est bien décédé il y a très peu de temps et la maman travaille dur pour essayer de nourrir toute sa famille. Elle se tient là, debout, juste devant nous, apparemment en bonne santé, avec son beau sahri et ses bijoux en or puis repart tranquillement chez elle. En moins de deux minutes, la décision est prise : cette famille sera la première du village a bénéficié de notre aide (ouf !)

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Quelques mètres plus loin, exactement le même scénario avec une autre famille monoparentale mais la conclusion n’est pas aussi évidente. L’équipe en parlera avant de se prononcer définitivement. Je me tiens à l’écart cette fois. Les larmes coulent. Le comble me diriez-vous, ça ne devrait pas être à moi de pleurer en théorie.

 Retour à la voiture. Ils parlent en Tamil. Je ne comprends rien. Il me donne une tape amicale sur l’épaule et en route pour le prochain village, en chantant à tue-tête dans la voiture… Je ne leur ai expliqué qu’aujourd’hui pourquoi j’étais aussi triste : la misère, la pauvreté mais surtout, une société indienne, par opposition à la nôtre qui se dit égalitaire, inégalitaire. Lorsqu’un européen évoque l’Inde, c’est plutôt pour décrire la misère de ce pays : plus d’un milliards d’indiens affamés, mal logés, peu ou non vêtus, couronnés par quelques milliers d’industriels milliardaires dispersés par ci, par là au milieu des miséreux. La classe moyenne s’agrandit pourtant de jour en jour. Les revenus ne cessent d’augmenter alors que la moitié de la population vit dans des huttes, pour les plus chanceux d’entre eux.


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Mon incompréhension ne s’arrête pas seulement à ma mission mais partout et tout le temps. Ce pays me laisse perplexe. Je Vous passez chaque jour, d’un état émotionnel à l’autre en un rien de temps : colère, joie, tristesse, désarroi, allégresse, etc.Et puis, quand vous êtes complètement largué et que vous ne comprenez absolument rien à ce que l’on vous raconte, un sourire et le tour est joué.

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Quelques exemples dans la vie de tous les jours :

 - les courses au petit supermarché : passage auprès de 4 caisses différentes avant de pouvoir enfin récupérer ses affaires, une pour récupérer un ticket, l’autre pour faire enregistrer ses articles, la 3ème pour payer et enfin, la dernière pour récupérer son sac !

 - l’obtention d’une carte SIM : une bonne heure de discussion pour comprendre qu’en tant que français, si vous avez déjà un téléphone portable, c’est impossible d’en obtenir une, à moins d’être accompagné de son « coordinateur » (si j’ai bien compris…). Autrement dit, il est beaucoup plus rapide de décider quelle famille sera prioritaire et nécessitera une aide de l’association plutôt que d’acheter une carte SIM.

 - la conduite en moto : à 3 sur la moto, le père conduit et porte le casque familial, l’enfant dort au milieu et la mère à l’arrière, ou alors un homme seul qui conduit avec le casque posé juste devant lui, posésur le siège (Euh… Que cherche-t’-il à montrer là ???)

 - l’or et son symbole de richesse, porté par tous, y compris les femmes les plus pauvres. Pourquoi ne pas aller acheter quelques aliments ou produits de première nécessité à la place ?

 - les bus : pas d’arrêt marqué (tu sautes comme tu peux dedans) ; pas d’horaire fixe ; les femmes à gauche et les hommes à droite ; des femmes qui, une fois le bus bondé, te poses leurs affaires ou bébé sur les genoux ;

 - des klaxons omniprésents pour dire : « j’arrive alors pousses-toi ! » ou « ne passes-pas, moi d’abord » mais comme tout le monde klaxonne, je vous laisse imaginer le résultat…

 Ajoutez à tout ceci une nourriture en quantité astronomique qui vous arrache littéralement la gueule, des nuits sur le sol, des pannes de courants, la barrière de la langue (seulement 5% de la population parle anglais). Délayez le tout avec une bonne dose d’humidité et des rejets d’usines incontrôlés. Enfournez le tout à 40° and Welcome in India !

 

 

 

 

 

 

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